Rencontre avec un spécialiste des yakusas

Rencontre avec Jérôme Pierrat : spécialiste des yakusas

Samedi 14 janvier à 15 heures, se trouvait Jérôme Pierrat, le journaliste spécialiste des mafias, à l'auditorium de la bibliothèque Buffon. Très décontracté, il a d'abord défini ce qu'est une mafia en général, puis a expliqué pourquoi il s'est intéressé plus spécifiquement au Japon. Il a ensuite brossé un historique de la mafia.

"Le savais-tu ?" : D'où vient le nom yakusa ? Cela signifie en français 8-9-3, c'est la main perdante dans le jeu de cartes le plus répandu dans le Japon d'après l'époque des samouraïs.

Les mafieux du xx^e siècle sont essentiellement des hommes de main (les Ronins connaissaient l'art du combat, puis devinrent des spécialistes des armes), ils organisent les jeux et les marchés. En fait, ils dominent tout ce qui est lié aux plaisirs. Jérôme a schématisé la structure de leur organisation.

"Le savais-tu ?" : On dénombre 100 000 membres de la Mafia pour 120 millions de Japonais. Et ce ne sont que des hommes !

Ensuite, Jérôme Pierrat a parlé des signes distinctifs qui les caractérisent, notamment les tatouages et les phalanges coupées. Il a fini par le tournant débuté dans les années 1980, où sous la pression des différentes puissances mondiales, le gouvernement japonais, jusqu'alors gangréné par la Mafia, a dû adopter des lois contre cette dernière. Les yakusas, qui avaient pignon sur rue, rentrent donc dans la clandestinité et étendent leurs champ d'actions, s'attaquant à la population même.

Il a fallu clôturer la conférence car l'heure filait et les questions affluaient toujours. Preuve que jeunes et adultes y ont trouvé leur compte. Jérôme Pierrat a su captiver son auditoire, se mettre à la portée de chacun, et ce, très chaleureusement. On aurait voulu continuer à parler avec lui jusqu'au bout de la nuit !

[rédigé par Françoise, bibliothécaire à la Bibliothèque Buffon, Paris 5^e]

 Quelques détails sur la mafia japonaise...

Les yakusas sont des mafieux. C’est une association de gangsters qui fonctionne comme une entreprise. Si on arrête le patron, l’entreprise ne s’arrête pas. Yakusa signifie 8,9,3. C’est la main perdante au jeu des fleurs. Ils s’appellent ainsi car ils sont des exclus de la société. Ils sont composés de 3 groupes :

-      Ex-samouraïs qui s’occupent de la guerre ; ils sont appelés chevaliers sans maîtres ;

-      Bakutos : joueurs professionnels de cartes ;

-      Tekiyas : colporteurs ; il faut payer les tekiyas pour avoir une place sur le marché.

Les mafias aident la police pour éliminer les autres méchants, en échange de la légalisation du colportage et des jeux illégaux.

Comment ça marche ?

Ils recrutent beaucoup de jeunes. Cela permet de conférer plus d’autorité aux formateurs. Cas extrêmes : les parents amènent eux-mêmes leurs enfants. Dans les clans, il y a environ 12 000 membres. Les apprentis sont appelés ouakachus.

Fidéliser les apprentis

Pour fidéliser les apprentis, on les encourage à gagner leur propre argent sur les territoires familiaux. Il faut qu’ils trouvent un métier. En échange d’une protection,  ils donnent des pourcentages  de l’argent qu’ils gagnent aux yakusas.

La vie des yakusas

Le logement est cher et il faut souvent verser une caution. Les yakusas s’emparent des territoires libres et montent des sociétés de recyclage pour les entreprises.

Ils imposent aux plus jeunes de se faire tatouer. Les tatouages représentent les 4 éléments (l’eau, l’air, le feu, la terre), des animaux légendaires et des dieux. Il y a des tatouages pour toutes les familles. Les propriétaires refusent de louer des appartements aux gens tatoués.

Yubitsume : phalanges coupées, pour présenter des excuses. Les phalanges sont conservées. On coupe généralement le petit doigt car cela empêche le maniement du sabre. On peut mettre des prothèses mais il est interdit de greffer la phalange coupée.

[rédigé par Maxime]