Auteurs présents (de gauche à droite) :
Oísin McGann pour Voraces
Marie-Aude Murail pour Le Tueur à la cravate
Anne et Marine Rambach pour Comment je suis devenue flic
Élise Fontenaille pour Le Garçon qui volait des avions
(à l'extrême gauche : Sheila Pratschke - directrice du Centre culturel irlandais - interprète de la rencontre ; à l'extrême droite, Sonia de Leusse-Le Guillou - directrice de Lecture jeunesse - animatrice de ce samedi matin)
(à l'extrême gauche : Sheila Pratschke - directrice du Centre culturel irlandais - interprète de la rencontre ; à l'extrême droite, Sonia de Leusse-Le Guillou - directrice de Lecture jeunesse - animatrice de ce samedi matin)
Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre ?
Élise Fontenaille : je l’ai écrit d’une traite
la nuit où il a été arrêté. J’avais un faible pour ce garçon. Je me suis emparée
du fait divers et j’en ai fait un livre, mais je ne pense pas avoir écrit un
polar.
Anne et Marie Rambach : nous avons écrit l’histoire
vraie d’un ami sans-papiers. Nous avons inscrit cette histoire dans un contexte
policier un peu décalé pour la rendre plus ludique et croiser les destins entre
différents regards.
Marie-Aude Murail : il y avait une vraie volonté
d’écrire un policier, car c’est une très bonne école d’écriture. S’il y a un
livre que l’on ne peut pas résumer, c’est bien un policier. Je voulais écrire
ce livre comme s’il s’autodétruisait à la dernière page.
Je voulais écrire un thriller
qui laisse une trace, le nourrir d’autre chose que de la pure mécanique
qu’impose ce style d’écriture.
Ce livre est en jeu de miroirs. Une première intrigue, un
journal de bord. Une construction à différentes facettes.
Je ne savais pas en l’écrivant que je mettrai beaucoup de ma
propre histoire dans ce livre, ayant un mari qui a perdu un frère dans des
circonstances jamais élucidées. Les policiers ont conclu à un suicide.
Ce mystère n’a jamais été résolu. Dans la vraie vie, parfois,
il n’y a pas de réponse.
Oísin McGann : il y a, dans Voraces, une réflexion sur la justice
sociale derrière cet univers. Quand j’étais jeune, j’aimais les livres que je
pouvais lire d’une traite et que je finissais avant de m’endormir.
J’ai écrit 22 livres dans des genres différents, mais il y a
toujours cet élément de mystère. Il y a également un sentiment de justice
sociale dans tous les livres.
L’histoire de ce roman est basée dans le passé de l’Irlande
avec des aspects véridiques, mais aussi un point de vue sur l’avenir. Ajouté à
cela, un élément fantaisiste, les deux sont entremêlés. Cette famille veut se
développer en tant que prédateurs qui gagnent toujours. Il y a une référence au
capitalisme mené à l’extrême. S’il n’existe plus de règles, on finira avec une
famille comme celle-ci. L’histoire est très noire et je voulais introduire un
élément fantaisiste avec les « mécanimaux ».
J’aime bien l’idée que les machines ont une personnalité, un
caractère. On devient enragé avec l’ordinateur, on parle à notre voiture. Je
voulais souligner l’aspect humain des machines.
Ces animaux doivent devenir des êtres à supprimer.
Élise Fontenaille : je ne réfléchis pas avant d’écrire.
J’étais portée par une chanson de Graeme Allwrigth sur un boxeur que j’avais
entendue dans mon enfance. Je voulais écrire ce livre comme une cavale. C’est
un hymne à la liberté, un gamin éternel, toujours libre. Il me faisait penser au
héros de Mark Twain.
Ce qui m’a fascinée dans cette histoire c’est sa capacité à
survivre dans ce milieu hostile, dans cette région que je connais.
J’ai été journaliste pendant une quinzaine d’années et j’ai
mené une enquête très rapide. Il y avait beaucoup de traces, de témoignages, d’interviews…
J’étais en empathie complète avec le personnage et je peux vous dire qu’il va
certainement devenir ingénieur en aéronautique. Il passe le diplôme en prison.
Comment écrire à quatre mains ?
Anne et Marine Rambach : Nous sommes un vieux couple.
Nous écrivons depuis 10/15 ans ensemble en tant que scénaristes pour la TV.
Anne écrit des policiers pour adultes. Nous travaillons beaucoup à l’oral. Nous
faisons partie d’une association qui aide les sans papiers-homosexuels. Nous
nous sommes inspirées de l’histoire vraie d’un sdf
qui a été hébergé chez un couple et qui a réellement subi une tentative de
meurtre.
Marie-Aude Murail : avec Golem, nous avons écrit une histoire à 3 en famille, mais il est
très difficile de raccorder l’écriture et je ne le ferai plus.
Je retravaille beaucoup mes textes. J’essaye de raconter l’histoire
par morceaux. L’intrigue est toujours un moment douloureux, difficile à trouver,
d’où la difficulté d’écrire un policier.
J’ai une grande admiration pour Charles Dickens qui livrait
ses romans au fur et à mesure.
Avez-vous un blog ?
Oísin McGann : je tiens un blog avec mes illustrations.
J’aurais aimé avoir beaucoup d’illustrations pleine page
comme au xixe siècle,
mais les éditeurs anglo-saxons n’aiment pas beaucoup cela.
Pour moi, dessins et mots sont liés. J’ai toujours des
images en tête lorsque j’écris. J’ai choisi toutes les petites vignettes et
illustrations au début de chaque chapitre. Il faut les accepter comme éléments
qui font partie de l’histoire. Je planifie beaucoup à l’avance et fais beaucoup
d’illustrations. Les mots et les images se combinent et cela offre plus de
chances de transférer nos idées aux lecteurs.
Élise Fontenaille : oui, j’ai un blog et je m’exhibe
beaucoup.
Marie-Aude Murail : Je me méfie de ce que j’appelle
« l’extimité » : l’exhibition de l’intimité et des blogs livrés
à chaud. J’ai écrit en adulte le journal de mes 30 ans et je le regrette. J’ai
peur de me faire piéger au fur et à mesure par celui qui me lit (me lie).
Qu’aimez-vous dans la vie ?
Élise Fontenaille : la lecture, c’est la vie, le
reflet de nos vies.
Je regrette aussi que les livres adultes ne soient pas
illustrés comme au xixe
siècle. J’aime que les illustrateurs donnent une autre vision de l’histoire. Je
leur donne carte blanche. Si j’étais dictateur, j’imposerais un illustrateur.
Marie-Aude Murail : Moi aussi, je trouve dommage
qu’il n’y ait pas plus de romans illustrés comme Miss Charity. La curiosité fait progresser. Je suis toujours curieuse.
Si Élise était dictateur, je voterais pour elle !
Anne et Marine Rambach : nous aimons beaucoup la politique,
les chats, les centres commerciaux et la TV.
Oísin McGann : je suis curieux de tout,
j’aime les films, les promenades, la montagne, observer les gens, ce qu’ils
font, ce qu’ils disent… Il faut toujours se poser des questions pour pouvoir mener
une belle vie…
Est-ce votre famille qui vous a inspiré Voraces ?
Oísin McGann : certes, non, mais des amis,
des connaissances.
Pourquoi avoir mis un appareil photo à la fin du livre Comment je suis devenue flic ?
Anne et Marine Rambach : on cherchait un dernier
rebondissement car la fin était un peu faible. L’idée des flashbacks est venue car l’histoire se déroule sur 10 ans. Une
façon de rassembler ces différents moments de vie que le sdf a bien voulu livrer.
Avez-vous un tic, un rituel, avant d’écrire ?
Élise Fontenaille : j’écris uniquement dans mon
lit, mon chat Mao (à 3 oreilles !) sur les pieds.
Anne et Marine Rambach : on est scénaristes et on a
toujours des histoires en train.
Marie-Aude Murail : Je reste parfois 2 à 3 mois
sans écrire, je stocke, mais après j’angoisse. J’ai une stratégie de fuite
avant d’écrire… Ensuite je me mets au lit et je m’isole… Le plus difficile est de trouver l’envie d’écrire.
Je pense souvent à cette phrase de Mathieu Lindon :
« Écrire, c’est gérer ces milliers d’heures où on n’écrit pas. »
Oísin McGann : j’ai toujours un petit
carnet sur lequel je prends des notes et que j’ai peur de perdre. Je fais tout
debout : ordinateur, dessins… et je marche beaucoup de long en large sur
le plancher. Je suis bien organisé.
Est-ce que vous écoutez de la musique en écrivant ?
Élise Fontenaille : surtout pas. J’ai besoin du
silence absolu.
Anne Rambach : je travaille toujours avec
le casque sur la tête, je m’isole. Cela me tient lieu de bureau, et puis, il y
a aussi la musicalité de la phrase.
Marie-Aude Murail : j’ai un disque que je passe
en boucle par roman. Presque toujours offert par mon fils cadet.
Oísin McGann : j’aime bien écouter de la
musique quand je dessine, mais pas quand j’écris. J’ai besoin de silence
absolu.
Avez-vous toujours voulu devenir écrivain ?
Aimeriez-vous faire un autre métier ?
Élise Fontenaille : oui, depuis que je suis
petite « comme une table ». J’aimerais aussi être cuisinière car
j’adore cuisiner. J’aimerais aussi voler des avions, mais je ne sais pas si
c’est un métier…
Anne Rambach : tous les écrivains lus m’ont
inspirée. Ma première passion est le livre des autres.
Marie-Aude Murail : j’ai vécu dans un milieu
d’écrivains, de poètes, de musiciens… J’ai voulu être boulangère pour manger
des bonbons, maîtresse pour avoir toujours la réponse, vulcanologue parce que
j’étais amoureuse d’Haroun Tazieff… Mais écrivain, c’est un peut tout ça,
non ?
Oísin McGann : Pour rester en bonne santé,
il y a nécessité d’écrire. J’ai fait des études scientifiques en zoologie, mais
ma vraie passion est l’écriture. Petit, chaque fois que je lisais un livre, je
voulais être ce que je lisais…
J’aimerais aussi faire plus d’exercices physiques…
Avez-vous un message à faire passer ?
Élise Fontenaille : vive la liberté !
Marie-Aude Murail : dans ce livre, une réflexion
sur la relation entre un père et ses filles.
Oísin McGann : je me méfie des messages.
J’ai essayé dans mon deuxième livre, mais cela n’a pas marché. Dans Voraces, cette façade civilisée incite à
poser des questions et à donner ses propres réponses…
[rédigé par Carole, bibliothécaire à Germaine Tillion]
Merci aux auteurs d'avoir accepté notre invitation à participer à la rencontre du Salon du livre.
RépondreSupprimerMerci aux Mordus d'être venus si nombreux et d'avoir contribué à rendre cette rencontre si vivante.
Pensez maintenant à voter pour votre titre préféré avant le 11 avril et rendez-vous le 12 mai pour connaître l'heureux lauréat du prix des Mordus 2012 !
A bientôt donc...
Merci beaucoup pour ce résumé très intéressant !!!
RépondreSupprimerJ'aime bien les rencontres avec les auteurs, mais à la fois je déteste ça : je n'aime pas voir la tête des auteurs, je préfère les imaginer !
Cela fait toujours bizarre de voir un auteur si différent de son livre à la réalité non ?
Merci beaucoup! Ce résumé est très complet, on s'y croirait! Même si forcément on préfère toujours entendre directement, ça donne une bonne idée de ce qui c'est passé.
RépondreSupprimerJ'était au salon du livre et se que vous avez retranscrit est tout à fait exacte!!!! Merci beaucoup pour tous ce qui n'ont pas pu asister à cette rencontre!
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