Le métier
d’éducateur/éducatrice (en grande majorité féminin !) consiste à apporter de l’aide aux jeunes
ayant commis des délits ou des crimes, ou à des jeunes en situation de danger.
Après qu’il ait été mis en examen, c’est le juge qui décide
d’envoyer le jeune chez un éducateur. Celui-ci est alors là pour apporter une
aide avant tout psychologique au jeune et aux éventuels membres de sa famille,
mais aussi des explications sur la situation présente et future.
Le juge envoie une ordonnance pour adresser le jeune au service
de la PJJ, mais les membres l’équipe discutent entre eux des cas qu’ils
souhaitent prendre, en fonction de leur expérience, de leur sensibilité mais
aussi des faits reprochés.
Mme Berhault nous explique que son rôle est alors d’essayer
de comprendre pourquoi le jeune est là,
ce qui peut l’avoir poussé à
commettre un délit, mais également lui rappeler la loi et lui expliquer comment
va se passer la procédure judiciaire, ainsi que ses éventuelles
conséquences : travaux d’intérêts généraux (occasion de discuter avec le
jeune de ce qu’il aimerait faire pour trouver un travail qui l’intéresse et qui
aura une chance de le réintégrer dans la société), peine de prison…
Elle restera présente tout au long de la procédure (et
jusqu’à leur 21 ans maximum), et cela peut durer plusieurs années car le délai
entre la mise en examen et le procès peut être très long. Le jeune sera
convoqué à intervalles réguliers mais peut aussi à tout moment appeler son
éducateur pour parler, se confier, poser des questions. Lors du procès, l’éducateur sera amener à
témoigner pour attester ou non d’un progrès, et du risque éventuel de récidive.
Son avis est donc très important aux yeux du juge et peut beaucoup influencer
sa décision !
Sa mission est également de visiter les jeunes incarcérés.
Elle se rend donc régulièrement en prison. Elle peut rencontrer les jeunes au
parloir (comme le font les avocats) ou en cellule, ce qu’elle préfère toujours
faire : cela lui donne l’occasion de vérifier que les conditions de
détention sont bonnes. Si dans l’ensemble cela se passe bien, et que les
gardiens de prison sont tous volontaires pour travailler avec des mineurs, il
lui est déjà arrivé de devoir intervenir pour faire changer un jeune de cellule
car les conditions d’hygiène y étaient très mauvaises (cafards en pagaille).
Son rôle est donc là encore primordial ! Elle va également parler de
l’avenir du jeune une fois sorti de prison…
Mme Berhault s’occupe de 25 jeunes en même temps (maximum
pour un éducateur). En ce moment elle a 3 filles pour 22 garçons, ce qui
reflète bien la réalité… Ce sont des jeunes de 13 à 16 ans, ayant majoritairement
commis des délits (pour la plupart consommation
de stupéfiants).
PARCOURS :
Isabelle Berhault a fait des études de psychologie avant de
passer le concours d’éducatrice de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Elle venait de Bretagne et a souhaité travailler à Paris pour voir des
problématiques variées… C’est une rencontre avec quelqu’un qui faisait ce
métier qui lui a donné envie de l’exercer à son tour. Cela fait 12 ans
maintenant… Elle a choisi de travailler dans les bureaux de la PJJ, mais un
éducateur peut aussi travailler en milieu fermé, c’est-à-dire en foyer, où l’on
vit alors 24h/24h avec les jeunes. Pour elle, ce choix lui permet de conserver
une vie de famille… Quand une « Mordue » lui demande si ses enfants
(qui sont encore petits) ne sont pas jaloux des jeunes dont elle s’occupe, elle
trouve la question très bonne ! Si elle peut éprouver beaucoup d’affection
pour les jeunes dont elle s’occupe, cela n’est pas comparable à l’amour que
l’on porte à ses enfants… Enfin, quand on lui pose la question du taux de
réussite elle nous répond sincèrement que celui-ci est très faible… mais pour un seul jeune qui s’en sort, cela
vaut le coup.
POUR DEVENIR EDUCATEUR PJJ :
Il existe une seule école en France : l’Ecole Nationale Supérieure de laProtection Judiciaire de la Jeunesse, à Roubaix, accessible sur concours
avec un BAC +2. Les élèves sont rémunérés pendant leurs 2 ans d’études qui
comportent des cours de psychologie, droit, pédagogie… et des stages en milieu
éducatif fermé, et dans les bureaux.
EN BREF:
-Les peines de prison pour les mineurs sont divisées par 2
par rapport aux adultes : l’éducation prime toujours sur la punition.
-Les mineurs doivent toujours être représentés par un
avocat, c’est obligatoire (payé ou commis d’office) et leur procès toujours fermé
au public (publicité restreinte).
-Une « Mordue » interroge Mme Berhault sur les
avocats commis d’office : est-ce un cliché de dire qu’ils sont moins bons
que les autres ? Oui, c’est un cliché : les avocats considèrent que
chacun a droit à une défense, quels que soient ses moyens. Des avocats réputés
et très bien payés assurent toujours le rôle de commis d’office quand ils le
peuvent. C’est une question d’éthique.
-Paris est la seule ville de France où il existe un Barreau
des Mineurs.
Merci beaucoup à Mme
Berhault de nous avoir transmis son attachement à ce métier difficile mais très
important !
Bibliothèque Italie
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